Communautarisme Olivier Bianchi
Bon à savoir

Quand la campagne déguisée d’Olivier Bianchi passe par la communauté africaine de Clermont-Ferrand

Depuis plusieurs mois, un malaise politique se fait sentir autour du projet Inspire et de la future élection municipale de 2026. Le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, semble conscient que son projet de transformation urbaine, contesté par une large partie de la population, pourrait devenir un handicap électoral majeur. Dans ce contexte, il multiplie depuis fin 2024 les gestes d’ouverture ciblés, notamment en direction de la communauté africaine de Clermont, devenue une variable électorale de plus en plus visible.

Tout commence fin décembre 2024, lors d’un festival communautariste africain (Miss Mister Afrik Auvergne) organisé à Clermont-Ferrand. Une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, montre le maire tenant un discours pour le moins révélateur. On y entend notamment cette phrase :

« On oublie trop souvent, quand l’Europe était encore un petit peu fruste, que nos ancêtres à nous chassaient le sanglier avec des gros manteaux et sans toujours se laver. En Afrique, il y avait de grands royaumes, d’une grande préciosité, d’une grande intelligence, d’une grande culture. »

Le ton est donné : flatterie identitaire, réécriture historique, et volonté manifeste de séduire un électorat spécifique. Derrière le vernis du discours « interculturel », c’est une stratégie politique qui se dessine : celle de constituer des relais d’influence au sein de communautés locales jugées stratégiques pour l’échéance municipale à venir.

Depuis le 1er septembre 2025, la période de réserve pré-électorale a limité les possibilités pour le maire de s’afficher directement dans des manifestations à caractère social ou culturel. Qu’à cela ne tienne : le relais est désormais assuré par son fidèle conseiller municipal et métropolitain Samir El Bakkali, que l’on retrouve très présent sur le terrain depuis la rentrée.

Ainsi, on a pu le voir représenter la ville lors de plusieurs événements communautaires : le 20 septembre, le 21 septembre, le 22 septembre (vidéo), le 28 et 29 septembre, puis encore le 12 octobre, toujours auprès de différentes associations africaines de Clermont. Officiellement, il s’agirait d’actions de représentation institutionnelle. Officieusement, difficile de ne pas y voir un prolongement de la stratégie électorale du maire : maintenir le lien politique avec un public ciblé tout en respectant la lettre, mais pas forcément l’esprit, de la période de réserve.

L’impression générale qui se dégage est celle d’un maire inquiet, cherchant à préserver un socle électoral dans un contexte de défiance grandissante. Le projet Inspire, ses conséquences urbanistiques, les critiques sur la gestion municipale, les tensions autour de la sécurité et de la propreté urbaine : tout concourt à fragiliser la majorité actuelle. Face à ce risque, le discours identitaire et la proximité communautaire deviennent les nouveaux outils d’une communication politique plus subtile, mais non moins calculée.

La manœuvre pose une question démocratique essentielle : la représentation municipale peut-elle se transformer en entreprise électorale de ciblage communautaire ? À Clermont-Ferrand, la frontière paraît de plus en plus floue.